Après trente années passées dans un grand groupe de BTP, Patrick Mathieu amorce, en 2015, un virage à 360 degrés pour la « dernière ligne droite » de sa carrière. Sensible depuis de longues années à la cause du handicap, il décide d’entreprendre au profit des travailleurs handicapés (TH), dont il connaît les difficultés sur le marché de l’emploi.
« Chez les salariés qui bénéficient d’une RQTH [1], le taux de chômage est deux fois supérieur au reste de la population active », indique-t-il. Une injustice d’autant plus prégnante dans les petites villes… « Plus vous vous détachez des grandes métropoles et plus la difficulté est grande de trouver une opportunité d’emploi », dit-il. « Avec Wallaby, j’ai voulu montrer qu’on pouvait créer des emplois sur les territoires, qui plus est dans des métiers que l’on trouve peu ou rarement dans le monde du handicap. »
Sa stratégie ? « Je ne m’interdis rien. J’écoute les besoins des clients et je vois si on peut mettre en place la couverture de ce besoin avec les compétences de nos salariés ou les recrutements que l’on peut faire. »
Compétence et réactivité
Une « méthode » qui permet à Wallaby de développer son chiffre d‘affaires (il devrait doubler cette année, malgré la crise du Covid) et d’augmenter ses effectifs (dix-huit à ce jour et des recrutements en cours) en multipliant les prestations pour des secteurs variés. « Nous travaillons pour l’industrie en sous-traitance (assemblage d’appareillages électriques), nous proposons des activités d’imprimerie (impression rotative et offset) mais également des activités de bureautique (mise à jour de bases de données), de gestion de la relation client (accueil téléphonique) et de transport de personnes. » Exemple avec la signature récente d’un nouveau marché : le transport individuel d’enfants de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) avec le Conseil départemental de la Haute-Garonne pour quatre années…
Une croissance pérenne donc, qui a de quoi bousculer quelques idées reçues et faire évoluer le regard que le monde économique porte sur le handicap… « Confier une mission à une entreprise adaptée, c’est s’engager pour la Responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) et répondre à l’obligation d’emploi des TH renforcée par la loi de 2005 », rappelle Patrick Mathieu. « C’est aussi faire appel à de vraies compétences, une grande réactivité et une grande adaptabilité. »
Parfois même plus fortes qu’ailleurs… La preuve avec la mobilisation des salariés de Wallaby durant la crise du Covid auprès de la clinique Saint-Exupéry de Toulouse. « On a été sollicités au début du confinement pour des prestations diverses (finition de travaux, nettoyage de chambres, montage de lits, contrôle d’accès à la clinique) », précise le chef d’entreprise. « Et nos salariés ont répondu présent avec une motivation remarquable. »
Emilie Gilmer
Sur la photo : Patrick Mathieu dirige la société Wallaby depuis 2015, qui compte aujourd’hui une quinzaine de clients.