• 2 CA-SH option D

    2 CA-SH option D

     

     

    UN PAS VERS L'INCLUSION SCOLAIRE

    Voici un aperçu de mon étude et retour d'expérience de 2012 lors de ma certification complémentaire pour les enseignements adaptés et la scolarisation des élèves en situation de handicap (2 CA-SH option D) sur les troubles des fonctions cognitives.

     

    UN PAS VERS L’INCLUSION SCOLAIRE…

    En France, la loi du 11 février 2005 définit un cadre précis quant à la scolarisation des élèves handicapés en milieu ordinaire. Cette loi a suscité bons nombres d’interrogations sur le comment accueille-t-on des élèves handicapés au sein de nos classes.

    J’ai été plongée moi-même au cœur de ce questionnement déstabilisant en étant partenaire d’un projet de liaison entre l’IMPRO (Institut Médico-Professionnel) Le Rosaire de Rettel et le LP (Lycée Professionnel) Joseph Cressot de Guénange où j’exerce en tant que PLP BSE (Professeur de Lycée Professionnel de Biotechnologie Santé Environnement).

    Je tiens à vous faire partager - de par mon expérience - l’originalité, la complexité et l’ambition de ce projet auquel je crois et qui a permis l’évolution de ma pratique pédagogique.

    CONTEXTE ET PRESENTATION DU PROJET

    Le projet est innovant sur le département de la Moselle et s’intègre dans un contexte national précis.

    Comme je vous le disais en introduction, la loi du 11 février 2005 refond le paysage des classes au sein du système éducatif français. A cette loi s’ajoute le décret du 2 avril 2009 précisant que des actions éducatives peuvent être mises en œuvre en fonction des besoins de l’élève avec d’autres établissements et dans le cadre d’une convention.

     Ainsi, en mai 2010, suite à une réunion d’ESS à l’IMPRO, la responsable de l’UE  Mme Jamey propose un projet d‘inclusion au proviseur de Guénange Mme Perquin-Claren pour l’accueil, l’accompagnement et la professionnalisation de Béverly d’abord puis de Camille et Madison ensuite afin de faciliter la mise en place de leur Projet Personnalisé d’Orientation.

    De part mon expérience en SEGPA et en ÉSAT, sensibilisée au monde du handicap mental, j’ai de suite été partie prenante lorsque le chef d’établissement m’a expliqué la demande de l’IMPRO.

    Tenant compte du public accueilli en formation initiale, il semblait propice d’accueillir les jeunes filles en CAP Maintenance et Hygiène des Locaux car cette formation peut compléter les apprentissages de l’atelier pré-professionnel « entretien des locaux » de l’IMPRO.

    ADAPTATIONS PÉDAGOGIQUES

    Le projet a été très enrichissant personnellement car j’ai été confrontée à une culture de l’éducation spécialisée qui a permis d’enrichir ma pratique pédagogique et de changer mes méthodes d’enseignement. Je me suis formée, j’ai rencontré des professionnels du handicap et des enseignants spécialisés pour réorienter ma pratique professionnelle.

    Au terme de ces recherches éducative, pédagogique et philosophique, j’ai proposé de travailler sur l’hypothèse que les adaptations pédagogiques et la modularisation de CAP permettent l’accessibilisation à des compétences professionnelles dans le cadre d’une pédagogie inclusive.

    Camille et Madison sont des jeunes filles atteintes de TFC c’est-à-dire des troubles des fonctions cognitives. Et ces troubles ont des incidences sur les apprentissages.

    Dans un premier temps, il a fallu analyser leurs besoins car mon rôle d’enseignante est de trouver des moyens pour que l’élève réussisse.

    Ainsi j’ai mis en place des aménagements répondant à leurs besoins particuliers. Les élèves ont besoin de repères dans l’espace et dans le temps donc j’ai réaménagé l’atelier en zone identifiée par secteur d’activités et j’utilise le timer et un minuteur. A chaque TP, je prends en photo les élèves pour leur permettre de mieux contextualiser la situation la fois suivante. J’ai créé également des supports adaptés type diaporamas, affiches, avec des pictogrammes ou des photos pour permettre une meilleure mémorisation. De plus j’ai mis en place un tutorat entre pairs pour permettre une meilleure dynamique dans le groupe.

    Ce projet a changé ma façon d’enseigner au sein même de mon cours. Tout est très structuré, organisé, cadré, ritualisé, reformulé pour que l’élève se sente sécurisé.

     Le projet a permis également de créer des outils communs aux deux structures. J’ai élaboré avec l’ETS (Educateur Technique Spécialisé) et l’enseignante spécialisée une progression commune afin qu’il y ait du lien dans les apprentissages. Le livret aide-mémoire permet un cadrage identique de l’enseignement, une continuité et transversalité des apprentissages, et un transfert des compétences professionnelles. L’ETS et moi-même utilisons une grille d’évaluation commune pour compléter plus objectivement l’attestation de connaissances et des compétences professionnelles.

    L’objectif de cette inclusion n’est pas l’obtention du CAP, mais la délivrance d’une attestation de compétences. C’est en tenant compte de cette donne qu’avec deux professionnels du secteur de la propreté, j’ai créé un livret de compétences en découpant le référentiel d’activités professionnelles du CAP MHL en 6 modules professionnalisant.

    BILAN DE L’INCLUSION 

    Le projet a révélé des personnels impliqués qui ont su mettre en commun leur culture et leurs connaissances. La réalisation d’outils communs a permis de donner une nouvelle dimension au projet.

    Les parents, dans un second temps, ont été un soutien considérable dans la réussite de l’inclusion. Ils considèrent le projet comme une expérience enrichissante pour leur fille, valorisante et prometteuse. Un nouveau souffle pour eux disent-ils !

    Camille et Madison se sont beaucoup investies et ont pu démontrer à leurs parents leur autonomie malgré leur handicap. Pour elles, c’est une victoire !

    Concernant la validation des compétences professionnelles, pour le moment Camille a pu valider 2 modules sur 3. En stage, elle a su ré-exploiter les apprentissages. Elle a utilisé le livret aide-mémoire pour réaliser l’entretien des chambres de la maison de retraite. Madison a validé 1 seul module sur 3. Lors de la réunion d’ESS , nous l’avons encouragé à poursuivre ses efforts dans le but de valider les 3 modules. En stage, Madison s’est montrée autonome et motivée en cuisine collective d’un collège.

    L’un des objectifs du projet de liaison est de sensibiliser les professionnels de la propreté à l’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap. Je m’y suis attelée même s’il reste encore beaucoup de travail. En effet, lors des visites de stages en entreprise de propreté et en collectivité, j’ai expliqué mon action aux différents professionnels. Certains ont été réticents d’autres encore ont accepté de prendre en stage des élèves en situation de handicap. C’est à force de conviction personnelle que le réseau s’élargira.

    J’ai constaté que les aménagements pédagogiques ont su profiter aux élèves de CAP avec une meilleure dynamique de classe et de meilleurs résultats aux évaluations tout au long de l’année. Camille et Madison sont considérées comme des membres à part entière de la section et en cela on peut dire que l’inclusion est une réussite.

    Etant donné le bilan positif de cette année de liaison, il a été décidé lors de la réunion d’ESS du 4 mai 2012 que le projet d’inclusion serait reconduit pour l’année scolaire 2012-2013 avec la même classe de CAP. Camille et Madison ont clairement exprimé leur désir de poursuivre leur professionnalisation au sein du LP.

    LE METIER DE L’ENSEIGNANT SPECIALISE

    Cette expérience a permis de mettre en avant mes connaissances sur les handicaps et les éventuelles adaptations possibles à mettre en place.

    J’ai été un professeur ressources pour mes collègues du LP. Dans un premier temps j’ai partagé différentes adaptations pédagogiques en TP avec mon collègue de BSE pour la classe de 1MHL et de 2MHL. J’ai conseillé également d’autres collègues de français et de maths en charge d’une élève dyspraxique en 3DP6 pour l’adaptation de leurs documents en cours. J’ai sensibilisé l’ensemble de l’équipe éducative en participant notamment à la Biennale du handicap.

    En formation, j’ai rencontré différents collègues en charge d’une ULIS Pro. Un tel poste a suscité mon attention. Une co-coordination avec un enseignant spécialisé serait intéressante vis-à-vis de notre complémentarité : maitrise de l’enseignement général d’une part et maitrise de l’enseignement professionnel d’autre part.

    D’autres perspectives ont émergées tout au long de l’année. Il serait intéressant de créer un réseau de LP autour d’une ULIS Pro afin que les choix d’orientation soient plus variés.

    CONCLUSION

    C’est un projet ambitieux qui se poursuit aujourd’hui. C’est l’investissement de toute une équipe volontaire qui a permis cette bonne dynamique et la réussite d’un tel projet.

    Les adaptations et la modularisation du CAP ont permis à Camille et Madison d’être en réussite et d’être inclues au sein d’un groupe classe.

    Aujourd’hui je crois au concept même de l’inclusion scolaire mais pas dans n’importe quelles conditions. L’inclusion doit être pensée. L’élève à BEP (Besoins Educatifs Particuliers) doit être accompagné par des professionnels formés et volontaires. Le jeune doit être au centre de son parcours de vie afin que son insertion socio-professionnelle soit effective et que son projet de vie soit réalisé.

     

    Et pour les personnes intéressées, voici mon mémoire :

     " Tous droits de reproduction et de représentation réservés. © ulis57insertionpro. Toutes les informations reproduites sur cette page sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par ulis57insertionpro. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, sans accord. Cet article a été rédigé par Cécile Morhain, chargée de mission JOB'ULIS. "


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