Le handicap représente la première cause de discrimination à l'embauche en France. (Photo d'illustration)Le handicap représente la première cause de discrimination à l'embauche en France.

(Photo d'illustration) © AFP / PATRICK KOVARIK

 

Travailler quand on est handicapé est encore en France bien compliqué

Le quota de 6 % de salariés, mis en place il y a 30 ans, n'est toujours pas atteint, 

ni dans le public où les salariés handicapés représentent 5,2 % des effectifs,

en moyenne, et encore moins dans le privé, avec 3,4 %.

Depuis 30 ans, l'association Vivre autrement accompagne des personnes en situation de

handicap qui travaillent dans des ESAT (ces Etablissements d'aide au travail pour les

handicapés) afin de les insérer dans des entreprises dites ordinaires.

C'est le cas de Julie, Rodrigue et Hassan. Tous les trois ont le sourire quand ils

parlent de leur travail. Depuis plusieurs années, ils sont détachés de leur ESAT

pour aller travailler dans des grandes entreprises de Seine-Saint Denis. "Je scanne

les factures, je les traite puis je sors un bordereau tous les matins"

détaille Julie. Rodrigue réapprovisionne les bureaux en café, en eau, en papier et

en gobelets. Hassan s'occupe lui du courrier entre 9 heures et midi. Les trois

salariés s'estiment parfaitement intégrés : "Il n'y a pas de différence, j'ai des

collègues très sympas. Ils m'aident tout le temps, ils sont accueillants." Hasson

ajoute : "les gens sont sympas, ils nous accueillent comme leur collègue". 

Travailler plus pour faire oublier le handicap

Mais pour s'intégrer au mieux, ils ont tendance à en faire un peu trop : "on ne veut

pas être dévalorisé par rapport à nos collègues" explique Rodrigue, il ajoute : "On ne

veut pas dire on est handicapés, on ne peut rien faire". Une attitude qui n'est

pas toujours bien acceptée par les autres salariés constate Catherine Soulié,

directrice générale de l'Association : "Les salariés handicapés sont parfois mis

à l'écart. Ils sont très demandeurs de travail et ce n'est pas toujours bien perçu au

sein des équipes. Car ils travaillent très bien, peut-être trop par rapport à un poste

classique". 

Des contrats de détachement mais pas de CDI

Si les entreprises sont très intéressées par l'emploi de ces contrats de détachement,

elles le sont un peu moins quand il est question d'une embauche. Très motivée

Julie fait plus de trois heures de transport par jour pour aller à son travail

mais aucun CDI à l'horizon : "Parfois cela m'arrive d'aller voir les RH et je leur

demande s'ils n'ont pas un poste pour moi. Ils me répondent : Pas pour

l'instant." Julie n'est malheureusement pas une exception déplore Catherine

Soulié : "_Cette forme de détachement représente un réel intérêt pour toutes les

entreprises_.C'est une main d'oeuvre facile avec des compétences et un coût

moindre.C'est peut-être plus facile d'utiliser ces contrats de détachement,

d'insertion que de l'embauche où là il y a toutes les problématiques de

salaires, de gestion du personnel."  

Sur la vingtaine de personnes épaulées par Vivre autrement, en moyenne,

une seule arrive à se faire embaucher chaque année

Pour démystifier le handicap au travail, l'association a mis en place : « Ma vie et

mon travail » un projet de la photographe Mai Duong, à l'ESAT de Saint-Denis. Une

gigantesque fresque de 50 mètres constituée de portraits de personnes en situation

de handicap en plein travail.  

 

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