Handicap

 

Emploi : le handicap, un bon levier pour trouver un emploi ?

La mention du handicap sur un CV n’est pas gravée dans le marbre. Pour chaque entreprise ou en fonction de son ressenti, les choses peuvent évoluer. Un équilibre au cas par cas.

 
C’est une question un peu délicate. Doit-on mentionner son handicap sur son CV ? Entre les institutionnels et les différents responsables des ressources humaines d’entreprises, la réponse ne semble pas tranchée. “Dans le cas d’un employeur handi-engagé, il ne faut pas hésiter à le mentionner sur son CV. Indiquer à l’entreprise s’il y a des aménagements de poste à prévoir. Après, cela reste un choix personnel. Le salarié en situation de handicap peut très bien ne pas le mentionner et attendre l’entretien de recrutement, en fonction de son ressenti”, expliquent Marc le Blanc, directeur des ressources humaines et Laurence Bianco, chargée de mission diversité au sein du groupe immobilier Icade.

Même constat pour Sébastien Carlier, directeur QHSE (qualité, hygiène, sécurité, environnement) chez Gefco, société de logistique industrielle : “Il est important pour nous, que le postulant l’indique sur son CV, non pas tant pour les processus de pré-sélection, mais pour que nos managers définissent en amont les modes d’accompagnement spécifique pour accueillir le candidat au mieux de ses intérêts pour l’entretien et réfléchir aux potentielles adaptations si le candidat est retenu.”

 

Une mention qui peut faciliter l’embauche

On l’aura compris, dans le cas d’une entreprise, menant une politique “handi-accueillante”, la mention du handicap sur le CV s’impose clairement. Ensuite tout dépend de la taille des entreprises. Dominique Le Douce, directeur des actions associatives de Ladapt (l’association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées) recommande, lui aussi, au candidat de mentionner son handicap. “Les grandes entreprises ont généralement installé des missions à même de faire le lien entre les demandeurs d’emploi en situation de handicap et les recruteurs. Ensuite, les petites et moyennes entreprises sont nettement mieux sensibilisées qu’on le croit à l’obligation d’emploi.”

D’autres acteurs institutionnels ont une vision plus militante de la chose. Hugues Defoy de l’Agefip, dont la mission première est l’insertion professionnelle et le maintien dans l’emploi des personnes handicapées, est plus catégorique. Ce dernier rappelle en effet que le handicap est la première cause de discrimination selon le Défenseur des droits. “Ce sont d’abord les compétences qui comptent. S’il s’agit d’un recrutement non fléché ‘personne handicapée’, il n’est pas nécessaire d’indiquer son handicap.” Pratico-pratiques, certaines directions des ressources humaines se veulent surtout pragmatiques.

 

Le handicap ne doit pas éclipser les compétences

Pour l’enseigne de magasins But, la réponse semble arrêtée. “Lorsqu’un candidat mentionne son handicap sur son CV, nous allons lui porter une attention particulière. Cela est d’autant plus vrai si vous adressez votre candidature directement à la mission handicap ou bien si vous répondez à une annonce diffusée sur un site spécialisé dans l’emploi des personnes handicapées Nous recevons beaucoup de candidatures. Le fait de mentionner un handicap nous permet d’adapter notre étude du CV, en cas de périodes non travaillées par exemple”, explique Sandrine Lenoble, responsable mission handicap chez But.

D’autres acteurs voient dans la mention du handicap sur le CV une opportunité à saisir. “Ce peut être un bon levier pour trouver un emploi car il y a de nombreux employeurs privés ou publics qui cherchent à recruter des personnes en situation de handicap dans le cadre de leur engagement sur le handicap au travail”, note Redwane Bennani. Et le directeur associé chez Talents Handicap, un forum en ligne pour l’emploi de candidats en situation de handicap, de néanmoins contraster son propos : “Cependant, la personne ne sera jamais recrutée pour son handicap, mais pour ses compétences et sa personnalité”. C’est donc au demandeur d’emploi que revient le dernier mot !

 

VOIR AUSSI ARTICLE RQTH, un booster pour l’emploi ?
Publié sur Rebondir.fr le 21 novembre 2018, par Nicolas Monier

La reconnaissance officielle du statut de travailleur handicapé ouvre des portes. Celles de l’emploi. Mais au-delà de l’administratif, c’est aussi et surtout une protection supplémentaire pour le salarié.

 
Le sigle peut résonner comme un couperet. RQTH. Pourtant, ce statut, qui stipule la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé, n’a rien d’obligatoire, bien au contraire. Il s’agit avant tout d’une démarche personnelle. Si cette dernière reste confidentielle, certaines directions des ressources humaines, les plus en avance sur ces questions, encouragent vivement leurs salariés à faire une déclaration RQTH en les accompagnant dans leurs démarches. “Nos accords successifs nous ont permis de nous structurer pour prendre en compte l’adaptation des postes pour le maintien dans l’emploi ou l’intégration d’une personne en situation de handicap. Le fait d’avoir la RQTH nous permet un accompagnement personnalisé”, précise Sébastien Carlier, directeur QHSE chez Gefco. Et ce dernier de poursuivre plus avant : “Pour nous aider dans le recrutement de personnes en situation de handicap, nous avons mis en place une prime de cooptation. Qui mieux que nos salariés pour évaluer leur travail au quotidien !” 

Une reconnaissance encouragée par les employeurs

Bien évidemment, un demandeur d’emploi peut avoir une situation de handicap sans pour autant avoir la reconnaissance officielle. “Mais une fois embauchée, la personne pourra être accompagnée dans ses démarches administratives pour obtenir la RQTH. Cette dernière facilite le recrutement mais à la seule et unique condition que la personne ait bien un projet professionnel clairement défini et en phase avec les attentes de l’entreprise”, analyse Dominique Le Douce de Ladapt. Cette reconnaissance officielle peut faciliter la recherche d’emploi mais elle permet surtout la prise en compte du handicap dans l’environnement professionnel de la personne.Pour la société Icade, dont la mission handicap date de 2009, le travail se fait de manière collégiale entre la médecine du travail, l’assistante sociale et la mission handicap de l’entreprise. “Tout cela en toute confidentialité avec le salarié qui pourra demander sa RQTH seulement – et seulement si – lui le souhaite. Les aménagements de poste se font avec le Sameth, un organisme spécialiste du maintien dans l’emploi des personnes handicapées. Ce dernier fait le lien entre l’entreprise et l’Agefiph qui nous permet d’obtenir, notamment du matériel de bureau ergonome et adapté au salarié. Nous avons également mis en place un certain nombre de dispositifs, comme le télétravail, le temps partiel, les CESU [chèque emploi service universel] handicap, etc.”, expliquent Marc le Blanc, directeur des ressources humaines et Laurence Bianco, chargée de mission diversité au sein du groupe immobilier, filiale de la Caisse des dépôts et consignations. 

Une sécurisation du parcours professionnel

Pour Karine Reverte, directrice du CCAH (Comité national coordination action handicap), “la personne bénéficiant d’une RQTH, n’a pas d’obligation à la communiquer à son employeur. Cela doit dépendre du contexte ! Du côté handi-accueillant de l’entreprise. À mon sens, annoncer son handicap ne simplifie pas forcément la recherche d’emploi. Il y a souvent une crainte de la part de l’employeur. Quel va être le handicap ? Comment adapter le poste ? La personne va-t-elle s’absenter souvent ? Quelle sera sa productivité ? Les clichés ont la vie dure ! Il faut savoir parler de son handicap, le dédramatiser pour le recruteur et lui montrer que l’on dispose avant tout des compétences requises pour occuper le poste.” Un petit bémol donc qui ne doit pas faire oublier que cette reconnaissance permet d’accéder à des aides financières et à des services qui vont sécuriser le parcours professionnel des candidats. Notamment au travers de formations adaptées. En somme, tout ce que les acteurs de l’emploi ont mis en place pour accompagner les personnes handicapées.