• Etude de parcours individuels

    Etude de parcours individuelsArticle paru sur https://www.handicapinfos.com/ le 10.12.2018

    Ce recueil de témoignages a été réalisé lors d’entretiens collectifs qui ont réuni soixante-et-onze personnes en emploi ou en recherche d’emploi, et qui ont été complétés, pour dix d’entre elles, par des entretiens individuels.

    Handicap et emploi : étude de parcours individuels


    Ce recueil de témoignages a été réalisé lors d’entretiens collectifs qui ont réuni soixante-et-onze personnes en emploi ou en recherche d’emploi, et qui ont été complétés, pour dix d’entre elles,

     

    Dans la continuité de la mission d’appui à madame Dominique Gillot, l’Igas a conduit un travail de recueil et d’analyse de parcours professionnels de personnes handicapées qui est l’objet du présent rapport. Il avait pour objectif, d’une part, d’appréhender la réalité du parcours, des difficultés rencontrées et des leviers mobilisés par ces personnes, et, d’autre part, de recueillir leur perception des politiques mises en œuvre dans le champ de l’emploi et du handicap, pour en tirer des enseignements complémentaires aux travaux précédemment conduits par l’Igas dans ce domaine.

    Ce recueil de témoignages a été réalisé lors d’entretiens collectifs qui ont réuni soixante-et-onze personnes en emploi ou en recherche d’emploi, et qui ont été complétés, pour dix d’entre elles, par des entretiens individuels. Il a reposé sur une libre participation des personnes handicapées, qui se sont révélées très disposées à s’impliquer dans cette démarche.

    L’appel au volontariat et la pré-sélection des participants aux entretiens collectifs réalisés par les opérateurs du service public de l’emploi, les organismes d’accompagnement ou d’insertion et les entreprises ont conduit à la constitution d’un échantillon non strictement représentatif de la population active des personnes handicapées, mais cependant très diversifié.

    L’analyse de ces parcours fait ressortir, en dépit d’une très grande diversité de situations, quatre grands « parcours types » : seize parcours professionnels relativement stables avec accès et maintien dans l’emploi, en contrat à durée indéterminée ; vingt-deux parcours caractérisés par une période d’emploi stable suivie d’un processus plus ou moins long de désinsertion professionnelle, aboutissant à une situation de rupture parfois complète ; dix parcours professionnels plus ou moins continus et marqués par la prévalence croissante du travail précaire ; dix parcours caractérisés par une grande précarité et une désinsertion professionnelle, avec une absence totale d’accès à l’emploi.

    Deux points particulièrement « saillants » se révèlent :

     D’une part, ces parcours montrent un accès à l’information et des processus d’orientation des personnes souvent très aléatoires, du fait d’acteurs institutionnels non systématiquement ou insuffisamment « présents » et coordonnés ;

     D’autre part, des situations nombreuses de ruptures parfois majeures apparaissent du fait de transitions insuffisamment accompagnées aux moments charnières de la vie professionnelle : entre milieu scolaire, enseignement supérieur et vie professionnelle, entre milieu protégé et milieu ordinaire, ou au terme d’un processus de désinsertion professionnelle.

    Des facteurs influençant significativement ces parcours se détachent, sans jamais les déterminer : le type de handicap, le moment où il se manifeste, le niveau de qualification, l’âge, le genre et la situation familiale, les difficultés d’autres natures et enfin le frein que constitue la crainte de perdre une pension d’invalidité ou l’allocation adulte handicapé (AAH) en cas de reprise d’activité, malgré le désir très fort exprimé par les personnes de reprendre un travail pour « sortir de l’isolement » et retrouver « une utilité sociale ». Le « ressort » ou les « fragilités » de la personne, que ce recueil direct de témoignages de parcours professionnels et au-delà, de « parcours de vie », permet souvent de faire ressortir, pallient ou aggravent les défaillances de la prise en charge institutionnelle.

    Ces témoignages permettent également d’apprécier le regard porté par les personnes sur leur qualité de « travailleur handicapé », les institutions et les dispositifs en charge de les aider et de les accompagner vers et dans l’emploi.

    Comme attendu, la reconnaissance du handicap (RQTH) présente un caractère ambivalent. Elle apparaît plutôt perçue comme un « obstacle » par les personnes en recherche d’emploi, et plutôt comme une « protection » par les personnes en emploi – malgré un risque et des expériences pointées de stigmatisation dans l’entreprise. La liberté laissée à chacune des personnes de la faire valoir constitue lorsque le handicap n’est pas visible un levier, activé ou non, en fonction de leur situation. Une distance, parfois très forte, à tout ou partie des institutions, est exprimée par de nombreuses personnes.

    Elle résulte :

     Soit d’une difficulté à se repérer et s’orienter dans le « maquis » des acteurs de l’accès, du maintien et du retour à l’emploi ;

     Soit d’une perception mitigée voire négative de ces acteurs- difficultés à «se faire comprendre », à « pouvoir faire valoir sa situation » - ou de leur capacité à agir. En matière de maintien dans l’emploi, les interventions des services de santé au travail et de la sécurité sociale paraissent limitées, tardives, peu effectives, et insuffisantes en matière de prévention. Des personnes en recherche d’emploi, estimant qu’elles « végètent dans le système » s’en mettent en retrait. D’autres, parce qu’elles ont eu affaire à un ou une conseillère jugée « extraordinaire » portent des jugements contraires ou plus nuancés.

    Point de passage obligé pour la RQTH, l’intervention des MDPH est fréquemment perçue comme se limitant à une instruction administrative distante, parfois longue, « absurde et éprouvante » dès lors qu’il s’agit de procéder au renouvellement de cette reconnaissance lorsque l’état de santé n’apparait pas susceptible de s’améliorer. A l’inverse, le rôle d’intermédiation entre les personnes, les institutions et les entreprises assuré par des associations est jugé positif.

    Certains leviers démontrent enfin un impact réel sur les parcours, dès lors qu’ils sont mobilisés dans de bonnes conditions: l’accompagnement intensif et personnalisé du type de l’emploi accompagné ; la mobilisation à bon escient de la formation professionnelle ; les stages en entreprise et les mises en situation professionnelle ; le recours, en entreprise, au télétravail et au temps partiel.

    De nombreuses précautions, liées aux limites de la méthodologie retenue, doivent être prises dans l’interprétation de ces témoignages et dans l’analyse de ces parcours.

    Ces derniers apportent cependant un éclairage très riche :

     Tout en confortant largement les constats et recommandations faits par l’Igas dans le cadre des rapports d’investigation préexistants, les travaux conduits permettent d’en mettre nettement en exergue certains points clés, en les illustrant de manière parfois édifiante : enjeux d’une prise en charge spécifique et renforcée des personnes en risque de « rupture » à des moments charnières de leur parcours, d’une action institutionnelle plus rapide et plus précoce pour prévenir le risque de désinsertion professionnelle, d’une montée en compétence des acteurs de droit commun de l’accès et du maintien en l’emploi, d’un renforcement du ciblage des dispositifs spécifiques, d’une meilleure connaissance des personnes handicapées et de leurs besoins qui apparaissent très divers, etc. ;

     Ces travaux mettent également en lumière des enjeux qui n’apparaissent parfois qu’en creux ou de façon moins nette dans des approches plus « institutionnelles » : une interaction des différents facteurs qui influent sur le parcours des personnes ; un rôle majeur du « ressort » personnel sur la capacité des personnes à agir et à progresser dans leur parcours d’accès ou de maintien en emploi; des relations et un rapport aux institutions qui apparaissent grandement tributaires de la « qualité » professionnelle des intervenants rencontrés et qui illustrent les enjeux qui s’attachent à la fonction « d’accompagnement ».

    EN SAVOIR + :
     Consulter le rapport de l’Igas


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