• Que veut savoir un recruteur lorsqu'il vérifie vos références ?

    Que veut savoir un recruteur lorsqu'il vérifie vos références ?Article paru sur https://start.lesechos.fr/ le 07/01/2020 par Corinne Dillenseger

    Un recruteur vous réclame les coordonnées d’anciens contacts professionnels pour les questionner sur votre compte ? Pas de panique. L’objectif n’est pas de vous piéger mais de mieux vous cerner pour éviter l’erreur de casting.

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    N'oubliez pas que (sauf exception) vos anciens managers et collègues ne sont pas vos amis... (Shutterstock)

     

    "On m’a demandé une fois le nom d’un référent", se rappelle Alex, 34 ans, aujourd’hui business development officer dans une entreprise spécialisée dans la reconnaissance vocale. "Je m’y attendais, je savais que c’était une pratique assez courante lorsqu’on vise un poste à forte responsabilité", ajoute-t-il.

    Le jeune ingénieur Centralien communique alors les coordonnées de son ancien manager, "le même qui m’avait écrit une recommandation sur mon profil Linkedin". Mais le chasseur de têtes lui demande un deuxième contact. "J’en avais un autre sous la manche, mais pour détendre l’atmosphère, j’ai proposé le 06 de ma mère. Mon interlocuteur a moyennement apprécié…"

    Pour vérifier votre CV

    Une demande de références n’a en effet rien d’une plaisanterie, surtout quand on sait que 85% des candidats déclarent normal de pipeauter leur CV. Les employeurs ne sont pas dupes : selon l'Apec, dans près de neuf cas sur dix, ils vérifient la bonne foi des postulants sur leurs diplômes et/ou sur leurs expériences professionnelles.

    Et quand ce ne sont pas les RH ou les cabinets de recrutement qui s’en chargent, la vérification est sous-traitée à des prestataires spécialisés (Everycheck, Cvérifié…), en attendant que l’intelligence artificielle prenne le relais et se charge de confondre les tricheurs

    Pour l’heure, si on vous demande quelques contacts pros, soyez prêt à obtempérer avec calme et sérieux. "N’ayez pas peur, c’est même plutôt un bon signe", signale Claude d’Estais, ancienne RH et chasseuse de têtes, aujourd’hui coach en mobilité professionnelle et auteure de plusieurs ouvrages sur la recherche d’emploi. "Cela indique que vous êtes dans la short list car un recruteur ne va pas s’amuser à prendre les références de tous les candidats", ajoute-t-elle.

    Des référents de confiance

    Prévoyez donc, avant l’entretien, une liste de référents (deux-trois personnes avec qui vous avez travaillé récemment) qui sont restés en bons termes avec vous et qui vanteront vos mérites. Par exemple, un ancien n+1 ou n+2, collègue, client, partenaire, prestataire ; un maître de stage, tuteur ou enseignant si vous êtes jeune diplômé. Et bien sûr, prévenez-les de votre démarche pour qu’ils ne  tombent pas des nues au moment de l’appel du recruteur, surtout si vous convoitez un emploi différent.

    "N'oubliez pas que (sauf exception) vos anciens managers et collègues ne sont pas vos amis", tient à préciser Hélène Ly, recruteuse IT. Et d'ajouter : "Ils diront peut-être des choses que vous n'aviez pas prévues ou décriront des situations que vous n'avez pas vécues de la même manière. Certains mentiront peut-être, vous ne serez pas là pour vérifier. C'est pourquoi il est essentiel d'avoir une relation de confiance avec les référents dont vous donnez les noms en entretiens."

    Vous avez envie de devancer la demande du recruteur ? "Attention, l’employeur peut penser que vous cachez quelque chose ou que vous manquez d’assurance", prévient la coach Claude d’Estais. Sauf dans certaines situations… "Je sentais que le DRH avait un doute sur l’une de mes compétences, il devait estimer que j’étais trop jeune pour la détenir. Je lui ai proposé de contacter mon ex-employeur pour le lui confirmer", confie Pierre, 28 ans, jeune diplômé.

    Encadré par la loi

    Beaucoup de candidats l’ignorent, mais la prise de références est encadrée par la loi (Art L. 1221-8 et L.1221-9 du Code du Travail). Le recruteur est tenu de vous demander votre autorisation, dans l’idéal par écrit, avant de contacter vos référents, "même lorsque vous les indiquez dans votre CV ou sur votre profil LinkedIn et même si nous connaissons les référents en question grâce à notre réseau", souligne la recruteuse Hélène Ly.

    Quant à savoir ce que se disent le recruteur et votre référent, soyez là aussi rassuré. Interdiction d’évoquer les questions d’ordre privée (situation familiale, religion, santé, ethnicité…) au risque d’enfreindre les lois contre les discriminations.

    Valider votre personnalité

    L’échange porte sur les dates d’embauche et de sortie, le type de poste et les missions que vous avez occupés, le motif de votre départ, mais aussi sur vos compétences professionnelles, vos points forts et faibles, votre progression ou pas dans l’entreprise, votre capacité à travailler en équipe, vos réactions face à certaines situations, etc.

    "Nous savons bien qu’un référent est souvent bienveillant, a nous de lire entre les lignes, de créer un climat de confiance, d’aller au-delà d’une certaine politesse", sourit Claude d’Estais. Cela passe parfois par des questions plutôt surprenantes : confieriez-vous vos enfants à ce candidat ? Embaucheriez-vous à nouveau cette personne ? L’inviteriez-vous au restaurant avec votre conjoint ?
    Dans tous les cas, l’objectif est double : vérifier que vous n’avez pas embelli votre CV et mieux cerner votre profil pour s’assurer qu’il matche bien avec le poste, l’entreprise et sa culture. A l’image des tests de personnalité…

    Corinne Dillenseger


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