• Les 10 règles pour une exclusion réussie

    Article sur https://neurodivertissement.wordpress.com/ du 6 janvier 2021

    Les 10 règles pour une exclusion réussie de l’école

    Ceci est une caricature qui ne saurait représenter ni une profession, ni l’ensemble de l’institution, ce disclaimer tiendra lieu de mise en garde (et y en a des biens et pour une fois je le pense réellement, la plupart étant juste démunis et les autres sont parfois très engagés dans l’inclusion). Toute ressemblance avec des situations ayant existé ne serait que pure coïncidence.

    Les enfants en situation de handicap, voilà donc une plaie pour les écoles qui avant la loi Chossy étaient si tranquilles. Aussi, voici un sujet qui soulagera bon nombre de professionnels des écoles, sachez une chose, que cela ne vous empêche pas de vous enorgueillir de l’inclusion des élèves. A l’instar des entreprises qui cherchent les handicapés post embauche et les encouragent à demander une RQTH du moment que ça n’affecte pas la productivité, vous pourrez toujours trouver un candidat à une dyspraxie, vous aurez ainsi une AESH pour soulager la classe. D’ailleurs il y a de l’inclusion, un gamin HQI est scolarisé.

     

    I) Une exclusion, ça se prépare

    a) les Réticences d’usage

    Cette tâche est la plus difficile mais facilitera les suivantes, dès le départ, en tant que directeur d’école, il est de votre devoir de préparer le parent à la réalité du handicap de son enfant. Aussi, dès l’inscription, montrez vos réticences à l’accepter, ajoutez des détails du type « s’il n’est pas continent, il ne pourra être scolarisé ». Toutefois gardez-vous de toutes traces écrites, ces gens là pourraient utiliser vos dires contre vous tant ils sont dans le déni de la réalité de leur enfant. Utilisez au besoin des expériences d’échec « on a bien eu un enfant autiste, il tapait tout le monde, mais depuis qu’il est à l’hôpital de jour ça se passe mieux » (la preuve on en entend plus parler et l’école est devenue calme). Repérez aussi l’origine des parents, le milieu social, un enfant en situation de handicap issu d’un milieu défavorisé est toujours une chance pour une exclusion réussie. En plus, ainsi, personne ne vous le reprochera.

    Règle N°1 : Une exclusion c’est avant tout un état d’esprit qu’il faut maintenir envers et contre les parents


    Règle N°2 : Une exclusion est toujours plus simple quand l’enfant est issu d’un milieu défavorisé, repérez dès le départ vos avantages


    b) une formule magique

    N’oubliez pas la formule magique, qui sera réitérée à l’envie « Il serait mieux avec ses pairs ».

    Tu serais mieux entre pairs

    Exigez un dossier MDPH, une AESH, et précisez bien aux parents « quand il n’y a pas d’AESH on ne sait comment faire, il vaudrait mieux qu’il reste avec vous ». Après tous, les parents sont là pour ça non? Du coup, il faut proposer une scolarisation la moins importante possible, argumentez dans le sens de l’habituation graduelle, 1h par jour est très bien en maternelle, mieux vaut d’ailleurs, que le parent reste dans la voiture en attendant. Depuis que Sophie Cluzel a levé son autocensure, l’école inclusive et les PIAL ont permis justement de vous soutenir dans cette démarche de scolarisation partielle. C’est donc une volonté ministérielle contre laquelle il n’est pas possible de lutter.

    Règle N°3 : Vous n’êtes pas seul, l’éducation nationale est avec vous dans cette tâche!

     

    II) La vie en classe

    a) Egalitarisme et refus d’adaptation

    De plus en plus de parents connaissent leurs droits, et la société civile (les associations) y sont pour beaucoup. Or l’école est l’école de l’égalité, il est anormal que des enfants bénéficient d’une différenciation. Aussi c’est un point où vous devez vous montrer intransigeant, le refus des adaptations. Comme tout le monde, il devra se plier aux mêmes exercices que les autres. Même un élève non oral, devrait réciter une poésie. s’il se trouve qu’il a de bons résultats, rappelez-le aux parents « ces résultats ne reflètent en rien son niveau mais les adaptations consenties »

    Le « Non Evalué » est l’autre solution quand vous n’avez pas eu le temps ou l’envie d’adapter un cours. Personne ne vous le reprochera, il vous suffit de dire que l’enfant n’était pas concentré, ou angoissé . Dans toutes vos phrases à ce sujet ou à propos de vos difficultés avec l’enfant ou d’orientation, placez l’idée que c’est « dans son intérêt ».

    Il a un programme comportemental, il est anormal qu’un tel dressage soit proposé à un enfant. Il n’a qu’à adopter les petites fleurs de comportements, les croix et les notes, nous ne voulons pas de dressage à l’école. Refusez toute convention, un professionnel à l’école qui vous dicterait comment agir, vous n’avez pas bac+4 pour avoir à supporter un regard extérieur !

    Pas besoin d’ABA, s’il a un comportement inadapté, proposez ce schéma ABC:

    Règle N°4 : L’exclusion est égalitariste et bienfaitrice pour la personne en situation de handicap


    Règle N°5 : Un endroit asensoriel, un placard par exemple, pourrait être la solution à bien des comportements problèmes

     

    b) Socialisation et autres parents

    A chaque sortie scolaire, chaque spectacle, téléphonez aux parents le matin même, ces gens n’ont qu’à s’organiser pour qu’ils puissent le reprendr, qu’il n’y a rien de prévu pour lui. Que ferait-il dans un spectacle, c’est déjà un triste spectacle à lui tout seul (c’est une phrase entendue réellement par un parent dont j’accompagne l’enfant).

    L’AESH est absente car elle a une formation dans 1 mois ? Prévenez la veille voire le matin-même à la grille : vous avez ainsi la garantie que le parent rentrera avec son enfant. Même chose pour les remplacements du personnel : la dernière minute est la meilleure façon de dissuader les parents de « malgré tout » scolariser l’enfant.

    Par ailleurs, cet élève au mépris des études ne fait que ralentir la classe, il est important de le rappeler aux autres parents et aux autres élèves. N’hésitez pas en conseil, mais aussi lors des rencontres avec les autres parents de leur dire qu’avec un tel enfant, vous n’êtes pas sûr de finir le programme. D’abord vous vous couvrez et puis vous préparez cette sortie que vous savez irrémédiable. « Doit on inclure tout le monde? ». Aux parents, n’hésitez pas à insister sur la maltraitance que subit cet enfant en restant dans un système où il n’est pas inclus.

    Règle N°6 : Une exclusion est bénéfique pour la classe entière et même pour les autres parents

    Qui veut l’inclusion? Personne

     

    III) En route vers l’exclusion

    a) La préparation du terrain porte ses fruits

    A chaque fois qu’il sort de l’école, vous avez bien pris soin de faire un topo aux parents de tout ce qui n’allait pas dans son comportement et dans son travail. Mettez de côté le positif mais soulignez les mauvais comportements en particulier. Si le parent vous demande ce qu’il s’est passé avant ou après, précisez bien que vous n’avez pas trop fait attention, il n’est pas le seul élève. C’est une solution pour vous dédouaner de toute réaction de votre part à l’origine du comportement inadapté de l’enfant.

    L’AESH vous aide dans la classe afin qu’il ne s’attache pas trop à elle, n’oubliez pas de veiller qu’elle ne pactise pas avec l’ennemi (le parent) au mépris des exigences de l’éducation nationale. Il est désormais temps de porter la dernière attaque, celle-ci arrivera à la prochaine ESS.

    Appuyez-vous sur les directives ambiguës (mais clairement évoquées en formation des AESH), comme quoi il faut éviter toute communication entre le parent et l’AESH.. Quelques idées pour éviter cette communication : faites sortir l’AESH à la dernière minute, voire en retard : la famille sera alors gênée d’empiéter sur le temps de pause de l’AESH. Utilisez le cahier de liaison traditionnel pour les échanges : l’avantage d’un cahier de liaison classique de l’Éducation Nationale est qu’il est unilatéral, il est orienté pour les informations émises par l’école vers la famille,. Faites vérifier tout « petit mot » entre l’AESH et la famille, par l’instituteur.

    Règle N°7 : Aucune exclusion réussie ne pourra se faire sans une AESH compliante (au besoin, rappelez-lui son statut de subalterne, si elle ne s’en rappelle plus remontrez lui sa feuille de paie)


    Règle N°8: Prenez du temps pour évoquer tout ce qu’il s’est mal passé, mais quand la famille demande des adaptations ou des rencontres, rappelez-leur, vous n’avez pas qu’un enfant dans la classe

     

    b) Le terrorisme par l’IP

    Renforcer son pouvoir et utiliser la menace d’information préoccupante est très efficace : la famille n’est pas d’accord ? La mère éduque mal son fils puisqu’il a un comportement bizarre (en même temps, quelle autre explication ? C’est la base en psychologie française). Vous pouvez soit menacer d’IP soit vous tourner directement vers les services sociaux qui sont reconnus pour leur compétence face au handicap. Surtout, pensez bien à ne pas en parler directement à la famille qui ne comprendra pas votre démarche. Comme leurs enfants, ils doivent être éduqués. S’ils sont récalcitrants, n’hésitez pas à faire des réunions intitulées « convocation », dont vous choisirez l’heure et le jour à partir de vos disponibilités et sans changement possible. Munissez-vous d’autres acteurs de la même corporation : ER, Inspecteur, Médecin Scolaire, ou mieux Psychologue scolaire qui est le poste le plus adaptée pour trancher sur les questions de sciences ou de comportement.

    Règle N°9 : Vous multipliez ainsi vos chances de réussite : une bonne exclusion est avant tout une bonne organisation collaborative.

    c) Enfin une notification IME

    L’ESS est le cadre idéal pour exclure l’enfant, la présence de la psychologue souvent acquise à votre cause devrait y suffire. Utilisez à ce moment-là votre dernière arme, cette botte que vous avez soigneusement préparée : « il n’a pas une posture d’élève ». On aura beau mette tous les accompagnements, toutes les adaptations, il ne saura jamais avoir une telle posture. Bien entendu, cette notion floue ne devra pas être interrogée, vous êtes l’expert de la posturologie scolaire, et dès lors, la solution implacable se profile « demander un IME ». Parfois aidé par l’Enseignant référent, les parents seront placés devant cette alternative, soit avoir une AESH et demander un IME ou ne plus avoir d’AESH. Bien sûr, ce n’est pas un chantage, puisqu’ils ont le choix. Si la posture d’élève ne fonctionne pas, le Gevasco vous rend bien service car il propose de cocher si oui ou non l’élève a le niveau de sa classe. Cette croix n’est sûr valable que pour les élèves en situation de handicap, et permet de faciliter les décisions d’exclusions.

    Règle N°10: Une bonne exclusion se fait devant un tribunal de professionnels (ESS) et un parent en pleurs

     

    Conclusion:

    L’exclusion est un long parcours, mais heureusement ce parcours contient des jalons (MDPH, ESS, PIAL, ER) qui permettent d’être assuré de son succès. Rassurez-vous, vous n’êtes pas handiphobe, d’ailleurs vous avez partagé cet exemple inspirant de l’homme sans main qui a gravi l’Himalaya. Passez la main à des professionnels des structures médico-sociales qui savent comment ne pas accompagner un enfant en situation de handicap, elles sont formées pour ça. Achetez-leur une brioche en passant preuve de votre solidarité indéfectible à cette nouvelle orientation. La preuve qu’il est mieux entre pairs, c’est qu’on n’en entend plus parler, la classe peut revenir à son cours normal, sauf Kevin qui tape, bavarde, mais lui n’est pas handicapé, donc tout va bien, on est formé pour ça…


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