Une récente étude de la fédération Unapei qui regroupe des associations liées au handicap mental déclare que trois quart des enfants en situation de handicap n’ont pas accès à une scolarité normale, 23 % d’entre eux n’ayant même aucune heure de scolarisation par semaine.

La loi de 2005 affirmait pourtant le droit pour chaque enfant d’accéder à une scolarisation en milieu ordinaire. Le président de la République a affirmé en avril qu’à la rentrée dernière, 430.000 élèves en situation de handicap étaient scolarisés.

Mais quelle est la qualité de l’accueil de ces élèves ? Que deviennent les IME (Instituts Médico-Éducatifs) chargés d’accueillir les élèves avec des degrés de handicap plus lourds alors que plus de 11.000 demandes ne sont pas satisfaites ? La croissance récente du nombre des accompagnants d’élèves en situation de handicap suffit-il à faire l’école inclusive que beaucoup appellent de leurs vœux ?

Nous en débattrons avec nos trois invitées :

- Servane Hugues Députée de la première circonscription de l'Isère, en charge d’une mission d’information sur l’instruction des enfants en situation de handicap, professeur des écoles de formation.

- Isabelle Queval Philosophe, professeure des uni à l’INSEI (Institut national supérieur de formation et de recherche pour l'éducation inclusive), titulaire de la chaire Unesco Handicap Education Numérique et ancienne sportive de haut-niveau.

- Sonia Ahéhéhinnou Première vice-présidente de l’UNAPEI (Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis) en charge des missions éducation et scolarisation.

“Il faut se saisir de tous les leviers dans tous les lieux de vie et d'apprentissage des enfants car l'école est la porte d'entrée vers l'avenir” explique Sonia Ahéhéhinnou. “L'enfant va s'émanciper, s'élever, beaucoup apprendre dans ce lieu. Si l’on parle des objectifs de l’école aujourd’hui, certains sont liés au socle commun de l'Education nationale, tandis que d'autres sont individuels. Et lorsque l'élève rentre dans les apprentissages de ses objectifs individuels, nous devons lui permettre de réussir ces apprentissages, même s’ils ne sont pas liés au socle commun”.

Concernant les adaptations qu'il est nécessaire de mener, Servane Hugues développe “que lorsque nous évoquons l'accessibilité pour les enfants en situation de handicap, nous pensons à l'accessibilité technique. Or, l'accessibilité, tout comme l'inclusion, doit aussi être développée au niveau social, sociétal, intellectuel, dans le regard que nous portons sur les enfants en situation de handicap et sur les personnes d'une manière générale en situation de handicap”.

Isabelle Queval ajoute que “la difficulté de l'inclusion, est au fond une notion complexe. Il existe cette ambivalence selon laquelle, pour pouvoir inclure, il faut pouvoir identifier et dès lors que nous identifions, nous risquons de stigmatiser. Il y a toujours au fond le prisme du dedans et du dehors, et plutôt que de créer une différence, il faut essayer de penser une similarité de l’expérience, une communauté de l’expérience, une universalité de l’expérience”.

Pour aller plus loin :

- Unapei, pour une société solidaire et inclusive.

- INSEI (Institut national supérieur de formation et de recherche pour l'éducation inclusive), anciennement nommé INSHEA.