• Pour un nouveau contrat de confiance

    Pour un nouveau contrat de confianceArticle paru le 04/02/2020 sur https://www.lemediasocial.fr/

    À quelques jours de la Conférence nationale du handicap (CNH) du 11 février, dans une tribune libre pour Le Media social *, Arnaud de Broca, président du Collectif handicaps, liste les attentes et appelle à des "engagements forts" pour "transformer les chantiers lancés" sur l'emploi, l'école ou la compensation "en mesures opérationnelles".

    Handicap : "Pour un nouveau contrat de confiance entre associations et pouvoirs publics"

    Arnaud de Broca, président du Collectif Handicaps - © Erwann Le Gars
     
    Tribune libre. Dans un de ses récents tweets, Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat aux Personnes handicapées, s’étonnait qu’elle ait dû intervenir directement pour faire débloquer la situation d’une personne handicapée bloquée chez elle, depuis trois semaines, en raison de la panne de son ascenseur.A lui seul, ce tweet illustre finalement bien l’état d’esprit du Collectif handicaps à la veille de la Conférence nationale du handicap (CNH). Nul ne peut contester la conviction et l’investissement de la secrétaire d’Etat. Mais, sur le terrain, la vie quotidienne des personnes handicapées et de leurs familles se heurte à de nombreux obstacles.

    La société inclusive, un concept

    La "société inclusive" reste encore plus proche d’un concept que de la réalité. Nombre de familles témoignent encore des difficultés pour scolariser leur enfant handicapé [1], le taux de chômage des personnes en situation de handicap reste le double du reste de la population et 9 personnes sur 10 éprouvent des difficultés pour se déplacer au quotidien dans sa ville ou sa commune [2].

    Pas son rôle

    Mais, la secrétaire d’Etat ne pourra pas appeler chaque école qui ne peut ou ne veut accueillir un élève handicapé, chaque employeur qui refusera d’embaucher ou de maintenir en emploi un travailleur en raison de son handicap ou de son état de santé, chaque travailleur handicapé dont l'orientation en établissement de soutien et d’aide par le travail n’est pas satisfaite, chaque personne ne trouvant pas d’accompagnement médico-social, chaque hôpital ne pouvant accueillir et soigner les personnes handicapées, chaque copropriété hostile à une mise en accessibilité… Ce n’est d’ailleurs évidemment pas son rôle et ce n’est pas ce que les associations attendent !

    Nombreux chantiers ouverts

    Les droits des personnes handicapées ont été renforcés, la loi a été modifiée pour accorder le droit de vote aux personnes protégées, et, même dans certaines situations, des droits à vie ont été reconnus. Des groupes de travail ont été lancés sur l’emploi, des stratégies mises au point sur l’école inclusive ou bien encore sur l’autisme, des chantiers ouverts sur la compensation… On pourrait alors s’étonner d’entendre de la part des personnes handicapées de la souffrance, de la déception voire de la colère. Les réseaux sociaux, véritables caisses de résonnance, s’enflamment de contestations, de colères et d’appels à manifestation, traduisant ainsi l’urgence et l’impatience exprimée de manière personnelle face aux injustices qui persistent et aux inégalités longues à résorber.

    Une CNH à mi-mandat

    C’est dans ce contexte que la Conférence nationale du handicap se tient le 11 février prochain, à l’Elysée, en présence du Président de la République. À mi-mandat, il ne pourra simplement s’agir de faire un bilan. C’est bien un discours mobilisateur de l’ensemble de la société qui est attendu, un discours qui devra notamment préciser les contours d’une société inclusive.

    L'attente d' « un discours mobilisateur »

    Vouloir une société inclusive, c’est permettre aux personnes handicapées de vivre en citoyens à part entière dans la Cité, par l’accessibilité universelle de tous les environnements, par une compensation collective et individuelle adaptée aux handicaps, par des ressources décentes pour tous (y compris les personnes handicapées vivant en couple), par un accès à un habitat adapté ainsi qu’à des accompagnements y compris 24 h sur 24, par des possibilités de déplacement et un accès à l'emploi et aux loisirs correspondant à ses potentialités. Ce sont donc des engagements forts notamment sur ces sujets qui sont attendus lors de la Conférence nationale du handicap.

    Adapter la PCH

    Les attentes sont d’autant plus fortes sur la compensation, qui englobe des aides de toute nature pour améliorer les activités de la vie courante et de la vie sociale, qu’elle n’a jamais été abordée dans une Conférence nationale du handicap. La proposition de loi qui vient d’être adoptée n’y répond qu’en partie, mais elle ne modifie en rien le reste à charge pour les personnes et n’adapte pas la prestation de compensation aux personnes qui aujourd’hui en sont majoritairement exclues.

    Améliorer le fonctionnement des MDPH

    La grande hétérogénéité de traitement sur l’ensemble du territoire reste également incompréhensible. Il va falloir mobiliser et renforcer les acteurs de terrain, en particulier les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH). Les délais de traitement des dossiers suscitent l’incompréhension des personnes et de leurs familles. Si les associations sont évidemment toujours ouvertes pour améliorer leur fonctionnement, elles restent attachées à leur participation à tous les niveaux des MPDH, y compris pour l’attribution des droits.

    Les associations, des relais sur les territoires

    Finalement, c’est la politique du handicap du « dernier kilomètre », pour reprendre le terme employé par le Président Emmanuel Macron, qu’il convient de mettre en place : il s’agit de transformer les chantiers en mesures opérationnelles. Pour y parvenir, le gouvernement doit comprendre que les associations sont de vrais partenaires et relais sur les territoires. Parfois critiques, souvent déçues, elles permettent au contraire de faire valoir les attentes des personnes handicapées.

    Nouvel interlocuteur

    Cette Conférence nationale du handicap doit donc permettre de lancer un nouveau contrat de confiance entre les associations et les pouvoirs publics. Dans le secteur du handicap, le Collectif Handicaps, dont la structuration est récente et vient remplacer le comité d’entente, structure informelle qui a fonctionné pendant près de 40 ans, est prêt à jouer ce rôle d’interlocuteur responsable et réactif sur l’ensemble du sujet. Prêt aussi à faire des propositions, comme il vient de le faire sur la réforme des retraites. Prêt à agir !* Les tribunes libres sont rédigées sous la responsabilité de leurs auteurs et n'engagent pas la rédaction.[1] Comme le montre la plateforme #jaipasecole.[2] Selon une récente enquête de l’Ifop.
     
    Arnaudde Broca
    Président du Collectif Handicaps
     

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