• Numérique à visée éducative

    Numérique à visée éducative

     

    Article paru sur 20minutes.fr le le 15/11/18 par Thomas Weill

    Jennifer Carmichael, infirme moteur cérébrale, travaille sur de nouvelles façons d’enseigner

     

     

    L’ingénieure pédagogique de 32 ans est spécialisée dans l’usage du numérique à visée éducative…

    L'ingénieure pédagogique Jennifer Carmichael.
    L'ingénieure pédagogique Jennifer Carmichael. — T. Weill/20 Minutes
    • Jennifer Carmichael, infirme moteur cérébrale, est ingénieure pédagogique.
    • Elle étudie l'utilisation des outils numériques dans l'éducation.
    • Selon elle, on ne devrait pas chercher une utilisation à la technologie, elle devrait répondre a un besoin.

    Avec son master en sciences cognitives appliquées, elle fait partie des 24 % de personnes en situation de handicap en emploi à avoir un niveau d’étude égal ou supérieur au bac. Et elle ne souhaite pas s’arrêter là. A 32 ans, Jennifer Carmichael, infirme moteur cérébrale, est ingénieure pédagogique ; elle travaille sur de nouvelles façons d’enseigner. Son dada :  l’e-learning et la manière dont le numérique rend l’éducation plus accessible aux personnes handicapées.

    Un dessin de Guillaume Perfetti, 44 ans, membre de l’Esat Image-Arts graphiques depuis 2014. Auparavant, en 2012, il a publié la BD «Alien Safari», aux éditions Defursen. Il est autiste Asperger.
    Un dessin de Guillaume Perfetti, 44 ans, membre de l’Esat Image-Arts graphiques depuis 2014. Auparavant, en 2012, il a publié la BD «Alien Safari», aux éditions Defursen. Il est autiste Asperger. - Guillaume Perfetti/Esat Image–Arts graphiques

     

    Ce n’était pas forcément son idée au départ, elle qui avait envisagé une carrière en psychologie ou dans l’architecture. Pourtant, aujourd’hui, elle n’hésite pas à l’affirmer : « J’aime beaucoup l’éducation, c’est avec ça que l’on peut évoluer et faire évoluer les autres. »

    « Rendre les cours plus actifs »

    D’abord à un poste d’ingénieure pédagogique à l’université Paris Descartes, où elle « développait l’usage d’e-learning pour rendre les cours plus actifs », Jennifer Carmichael décide de suivre un diplôme universitaire à l’Institut national supérieur de formation et de recherche pour l’éducation des jeunes handicapés et les enseignements adaptés (INSHEA). Son but, se spécialiser dans les troubles spécifiques du langage et des apprentissages.

    Elle y trouve ensuite un emploi, en tant qu’ingénieure pour l’accessibilité et l’ergonomie des outils numériques. Parmi les nombreuses fonctions qu’elle exerce, Jennifer Carmichael réalise un travail de veille sur les nouveaux outils d’enseignement, mène des « recherches sur le bon usage du numérique éducatif », et, surtout, elle « expertise des ressources numériques, comme des applications ou des logiciels, pour voir dans quelle mesure elles permettent de faciliter l’intégration des élèves à besoins éducatifs particuliers. »

    Faciliter l'échange

    En rédigeant des « fiches pédagogiques pour présenter ces ressources ou des comparatifs », elle s’est forgé une approche bien spécifique de l’utilisation du numérique dans l’éducation.

    « Beaucoup de gens observent les technologies, et essayent d’y trouver des applications, mais ils prennent le problème à l’envers. Mon positionnement consiste à partir de l’humain, et de chercher s’il y a des technologies intéressantes pour répondre à ses besoins. » Cette approche lui permet d’adresser un des risques lié aux ressources numériques, un risque « pervers » selon elle, « celui de revenir à l’époque où les personnes handicapées étaient cachées. Le numérique est une bonne chose pour faciliter l’échange, le contact humain, pas lorsqu’il permet de l’éviter. »

    Afin de pousser plus avant son travail de recherche, la jeune femme voudrait se lancer dans la recherche, notamment pour étudier les stéréotypes dont souffrent les personnes en situation de handicap. « Pour moi, la recherche, c’est réfléchir à un idéal. On essaie de mieux comprendre le monde. » Et peut-être aussi de le faire avancer.

     

     

    Le numérique au service du handicap ?

    Numérique, handicap et éducation, le cocktail peine à se mélanger. « Dès le début des années 1980, le développement de l’informatique a été utilisé pour rendre des situations, ou des supports accessibles », comme des solutions de reconnaissance vocale par exemple. Le problème que relève André Tricot, professeur à l’Ecole supérieure du professorat et de l’éducation (Espe) de Toulouse et membre du laboratoire Cognition langues langage ergonomie (CLLE), était de transposer ces solutions au milieu scolaire.

     

    « Cela passe donc notamment par la formation des enseignants. » Et pour cause. D’après le chercheur, ce genre de solutions « demande de modifier l’organisation de l’espace, du temps, et surtout des tâches, c’est-à-dire la façon dont je demande aux élèves de faire ceci ou cela. » Il donne l’exemple des robots de téléprésence, qui permettent de palier l’absence physique d’un élève. « Il est compliqué pour un enseignant d’intégrer un robot dans sa classe. »

     

    Des progrès en douceur

    Le numérique dans l’éducation a d’abord été pensé pour « l’enseignement à distance » et « changer les supports de cours ». Cela a bénéficié à certaines personnes handicapées, mais n’a pas été créé pour eux. Ce qui ne signifie pas que des projets pensés pour des personnes handicapées n’ont jamais vu le jour. Le chercheur évoque par exemple « un logiciel pour apprendre aux élèves dyslexiques à reconnaître et catégoriser les sons, conçu de façon collaborative ». De telles avancées demandent beaucoup de moyens humains. Mais pas d’inquiétude, André Tricot se veut rassurant. « C’est général dans l’éducation. Les technologies rentrent dans les salles de classe mais doucement. »   T. W.

     

     


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