• Emploi & handicap : la parole aux dirigeants

    Article paru sur le site faire-face.fr  le 17 mai 2018 par   

    La politique handicap n'est pas encore une priorité pour les entreprises qui la jugent importante mais souhaiteraient une simplification des démarches.

    Importance d’une politique handicap en entreprise, perception du cadre légal, attentes, difficultés et bénéfices de mesures en faveur de l’inclusion… Un baromètre publié lundi 14 mai recense les expériences et points de vue des personnes en charge de ces questions en entreprise.

    Il y a de bonnes nouvelles… et de moins bonnes. Ainsi, si les entreprises sont quasi unanimes à reconnaître l’importance de la mise en œuvre d’une politique handicap en leur sein, elles admettent, pour plus de la moitié, avoir d’autres priorités au quotidien.C’est l’un des enseignements du Baromètre handicap, emploi et prévention en entreprise réalisé par Kantar TNS pour le Club Être, réseau d’entreprises engagées en faveur des politiques handicap. Un baromètre pour lequel 320 dirigeants, DRH, managers et responsables de mission handicap ont été interrogés.Il en ressort que 70 % des décideurs expriment des difficultés à recruter des personnes handicapées. Dans les raisons avancées, ils citent le manque de candidats disposant des compétences attendues (83 %) mais aussi le manque de moyens humains pour mettre en place une politique handicap (71 %).

    Seules 13 % des entreprises disposent d’une équipe dédiée

    De fait, seules 13 % des entreprises consultées disposent d’une équipe dédiée. Autre problème, une entreprise sur quatre déclare ne pas connaître les implications de la loi de 2005. Et quand elles connaissent bien le cadre légal, comme les grandes entreprises (87 %), elles le jugent contraignant (80 %).Pourtant, pour une grande majorité, les décideurs s’accordent sur les bénéfices d’une politique handicap. Un dirigeant sur quatre estime ainsi qu’elle contribue à l’amélioration des performances de l’entreprise.
     
    À lire sur lesEchos.fr
     
    La politique du handicap n'est pas encore une priorité en entreprise
     
    Article écrit par GERALDINE DAUVERGNE le 14/05/18 sur le site Les Echos.fr
     
    Le recrutement de personnes en situation de handicap constitue une vraie difficulté pour près de 70 % des décideurs, quelle que soit la taille de leur entreprise. 
     
    Tendance Seules 13 % des organisations, toutes tailles confondues, disposent d'une équipe dédiée à la question du handicap.
     
    L'inclusion des personnes en situation de handicap est l'une des priorités du quinquennat, a affirmé en juillet 2017 le Premier ministre Edouard Philippe, lors de son discours de politique générale. Sur le terrain de l'emploi et de l'entreprise, il en va différemment. Selon un rapport remis dernièrement à Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre chargée des personnes handicapées (voir l'encadré ci-dessous), 35 % seulement des personnes reconnues handicapées sont en emploi, contre 64 % dans l'ensemble de la population.
     
    Au sein des sociétés, la quasi-totalité des responsables chargés de ce sujet estiment que la mise en place d'une politique handicap en entreprise est « importante ». Mais 57 % d'entre eux admettent aussi que dans les faits, leur entreprise a d'autres priorités au quotidien.
     
    Un cadre légal perçu comme contraignant
     
    C'est ce que révèle le baromètre sur l'emploi et la prévention du handicap en entreprise, réalisé par Kantar TNS pour le Club Être, réseau d'entreprises engagées en faveur des politiques handicap et de la prévention en entreprise. Dirigeants, décideurs, responsables de la politique handicap, DRH et responsables de Mission Handicap, ont ainsi été invités à faire part de leur témoignage et de leur point de vue sur ces sujets.
     
    La loi Handicap de 2005 a fixé l'objectif d'un taux de 6 % de travailleurs handicapés parmi les employés des entreprises ou administrations de plus de 20 salariés. Elle prévoit aussi des sanctions pour celles qui dérogent à cette obligation, notamment une augmentation de la contribution à l'Agefiph (Association de gestion du fonds pour l'insertion des personnes handicapées). Or une entreprise sur quatre déclare ne pas connaître les implications de cette loi. Les représentants d'entreprises de plus de 250 salariés connaissent le cadre légal, pour 87 % d'entre eux, ce qui ne les empêche pas de juger celui-ci contraignant, à 80 %.
     
    Le recrutement, une difficulté majeure pour l'entreprise
     
    Le recrutement de personnes en situation de handicap constitue une vraie difficulté pour près de 70 % des décideurs, quelle que soit la taille de leur entreprise. Les deux raisons avancées sont le manque de candidats disposant des compétences attendues (83 %) ainsi que le manque de moyens humains pour mettre en place une politique handicap (71 %). Un manque de moyens que l'enquête met bien en évidence, particulièrement dans les petites structures. Seules 13 % des entreprises, toutes tailles confondues, disposent d'une équipe dédiée à la question du handicap, mais parmi elles, 22 % des structures de 100 à 249 salariés, et 39 % de celles de plus de 250 salariés. Sur l'ensemble des 320 responsables qui ont été interrogés pour les besoins de l'enquête, 80 % consacrent moins de 5 % de leur temps aux questions du handicap et de l'accompagnement des personnes en situation de handicap. Seuls 3 % se disent en mesure d'y consacrer plus de 20 % de leur temps. Mais au sein des entreprises de plus de 250 salariés, 38 % des décideurs peuvent accorder plus de 20 % de leur temps aux questions du handicap, et 33 % à l'accompagnement de leurs collaborateurs handicapés.
     
    Les bénéfices ? Solidarité, réputation et business
     
    Au cours des 18 derniers mois, deux entreprises sur trois n'ont cependant pas hésité à recourir à des prestataires du secteur protégé et adapté : établissements et services d'aide par le travail (Esat), entreprises adaptées ou travailleurs indépendants. Le taux atteint même 78 % pour les entreprises de plus de 250 salariés.
     
    La quasi-totalité des décideurs spécialistes du sujet estiment que l'entreprise tire des bénéfices d'une politique handicap, à commencer par une amélioration de la solidarité (76 %), un sentiment plus fort d'attachement à l'entreprise (54 %) et une meilleure réputation (46 %). Un responsable sur quatre estime même que de telles mesures contribuent à l'amélioration des performances de l'entreprise. Ils sont aussi 43 % à estimer que les innovations du cadre de travail profitent en réalité à l'ensemble des salariés et 30 % à évoquer une amélioration des relations avec les parties prenantes de l'entreprise : fournisseurs, clients et acteurs locaux. Enfin, 10 % tout de même, ne voient aucun bénéfice induit par la politique handicap au sein de leur entreprise.
     
    D'abord simplifier et assouplir
     
    Pour favoriser une politique handicap sereine au sein de l'entreprise, les décideurs appellent de leurs voeux un meilleur dialogue avec les autorités institutionnelles telles que l'Agefiph, la Direccte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi) ou la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées). Un point important pour 84 % d'entre eux, indispensable pour 41 %.
     
    Essentielles aussi : la simplification des démarches et l'assouplissement du cadre légal. Les responsables interrogés, à 79 %, jugent en effet important de simplifier la procédure qui permet de se faire reconnaître comme travailleur handicapé (RQTH) et 74 % apprécieraient des solutions d'aide « clé en main » ou des idées faciles à appliquer au quotidien.
     
    Le salon Handicap, emploi & achats responsables se tient ce 28 mai 2018 au Palais des Congrès à Paris. 
     
    15 recommandations pour l'emploi des travailleurs handicapés
     
    La Plateforme nationale d'actions globales pour la responsabilité sociétale des entreprises (Plateforme RSE) a remis le 23 avril dernier à Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre chargée des personnes handicapées, un rapport sur « l'engagement des entreprises pour l'emploi des travailleurs handicapés ». Brigitte Dumont, de l'ANDRH (Association nationale des DRH) ainsi que Natalia Pouzyreff, de l'Assemblée Nationale, en sont les co-rapporteures. Le document recense les freins à l'emploi des personnes handicapées ainsi que les meilleures pratiques en entreprises, et formule quinze recommandations axées sur six leviers : la formation des travailleurs handicapés, leur recrutement, l'accueil et le maintien dans l'emploi, la reconnaissance des entreprises handi-accueillantes , l'inscription de la question du handicap dans le dialogue entre parties prenantes, et le soutien à l'innovation sociale. 

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