• Chief Happiness Officer ou l'exemple du bullshit job

    Chief Happiness Officer ou l'exemple du bullshit jobArticle paru sur https://www.lecho.be/le 6 janvier 2020 par AURÉLIEN HERQUEL 

     

    Les organisations qui investiront dans l’humanisation du travail seront les entreprises gagnantes de demain

    Une carte blanche d'Aurélien Herquel, 

    Président Fondateur du label Hu-Man

    Pour parler d’humanisation du travail, voici tout d’abord quelques chiffres marquants. En France, le coût d’absentéisme (direct/indirect) se chiffre à plus 108 milliards d’euros. En Belgique, le taux d’absentéisme, selon la dernière étude publiée par SD Worx, représente 7,32% et ne cesse de croître. Toujours en Belgique, le burn-out, même s’il est de mise de rester prudent quant aux causes, a augmenté de 39% au cours des cinq dernières années, selon une autre étude de SD Worx.

    Ces chiffres peuvent évidemment être transposés à d’autres pays.

    Management dévastateur

    Il faut dire que les exemples de management dévastateur ne manquent pas.

    On peut tout d’abord évoquer bien entendu le procès France Telecom mais aussi le cas plus récent du licenciement d’un manager d’Airbus qui lors d’un Team-Building faisait marcher ses équipes sur du verre pilé. Alors bien sûr, tous les managers ne sont évidemment pas des Rambo autoritaires.

    Un autre cas, plus hallucinant encore, est celui de ce haut responsable du ministère de la culture en France. En effet, pendant presque 10 ans, cet homme, ancien DRH, n’a pas hésité à administrer des diurétiques aux jeunes femmes qu’il recevait en entretien. Pourquoi? Et bien pour les voir uriner devant lui…

    Nous sommes loin de l’image d’Épinal du recruteur/manager bienveillant qu’on essaie de nous vendre actuellement.

    Injonction au bonheur

    Pour apaiser les tensions entre le management et les équipes, les entreprises ont trouvé LA solution: investir en masse dans des fonctions de Chief Happiness Officer voire de Chief Sustainable Officer.

    Pour contrecarrer ces abus et apaiser les tensions entre le management et les équipes, les entreprises ont trouvé LA solution: investir en masse dans des fonctions de Chief Happiness Officer (Responsable du bonheur au travail) voire de Chief Sustainable Officer (Responsable du développement durable).

    Ces jobs décrits comme des "bullshits jobs" par David Graeber ont des bienfaits quasi nuls voire même représentent des dangers comme l’explique Thibaut Bardon, titulaire de la chaire "Innovations managériales" à l’Audencia Business School: "Ces initiatives peuvent aussi avoir des conséquences négatives sur la performance sociale et au final économique. C’est lié à cette injonction au bonheur exercée sur des gens qui font peut-être très bien leur boulot, mais qui n’ont pas envie de participer à cette culture qui peut être intrusive, qui ont peut-être envie de compartimenter la sphère professionnelle et la sphère personnelle".

    Dans un futur proche, les entreprises constateront que ce n’est pas en investissant dans de la poudre de perlimpinpin que les chiffres de la souffrance au travail qui affectent durablement la productivité et l’image de l’entreprise et bien entendu l’employé, baisseront.

    D’autres stratégies consistent également à embaucher des batteries de consultants en "entreprise agile" ou même "libérée" au cas où celles-ci auraient besoin d’être délivrées…

    Nous sommes cependant en droit de nous poser la question suivante: si toutes ces fonctions ont un réel impact positif alors pourquoi les chiffres de la souffrance au travail ne cessent de croître?

    Justement parce que les entreprises investissent dans le cosmétique. Dans un futur proche, les entreprises constateront que ce n’est pas en investissant dans de la poudre de perlimpinpin que les chiffres de la souffrance au travail qui affectent durablement la productivité et l’image de l’entreprise et bien entendu l’employé, baisseront.

    Humanisation du travail

    Alors quelles solutions adopter ?

    Il y en a plusieurs dont notamment l’humanisme au travail. La réalité du terrain. Celui qui recrée le lien entre le management et les équipes. Celui qui envisage un cercle vertueux autour de l’entreprise. L’humanisation du travail implique du dialogue, du respect, de la reconnaissance, de la valorisation, de la fierté, de l’émulation et de la dignité de chaque composant de l’entreprise pour le bien commun.

     

    Les organisations qui investiront dans l’humanisation du travail seront les entreprises gagnantes de demain. Elles resteront attractives et compétitives. Les nouvelles générations ont compris cela et se dirigent de plus en plus vers les entreprises qui auront, non seulement une raison commerciale certes, mais surtout un impact sociétal mesurable et reconnu.

    Dans les années à venir, le facteur de compétitivité pour nos entreprises ne sera pas, comme certains peuvent le penser, l’intelligence artificielle mais comment vont-elles garder les éléments sur lesquels elles ont investi, à rester dans l’entreprise.

    À l’échelle plus globale, pour réussir ce pari il nous faudra absolument sortir de l’état d’esprit latent, défaitiste qui consiste à se concentrer sur les obstacles alors que les opportunités nous promettent un plus bel avenir.

    Dans les années à venir, le facteur de compétitivité pour nos entreprises ne sera pas, comme certains peuvent le penser, l’intelligence artificielle mais comment vont-elles garder les éléments dans lesquels elles ont investi dans l’entreprise.

    C’est en respectant les individus, en les valorisant, en favorisant leur progression que l’entreprise, à la seule condition que ceux-ci le désirent et s’impliquent aussi, pourra être considérée comme une entreprise… durable.


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